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25 février 2014 2 25 /02 /février /2014 16:57

La vie ne se révèle qu'à ceux dont les sens sont vigilants et qui s'avancent, félins tendus, vers le moindre signal.

Tout sur terre nous interpelle, nous hèle, mais si finement que nous passons mille fois sans rien voir. Nous marchons sur des joyaux sans les remarquer. Les sens nous restituent le sens. [ ... ]

Ce que je tente de faire percevoir dans ces frôlements de mémoire, c'est à quel point ces instants de présence aiguë livrent leur sens, et le détiennent. Dans tous ces instants où je suis "touchée", Dieu est au rendez-vous.

Dieu ou comme vous préférez : cette mémoire haute qui m'habite ! L'écho du logion 77 de St Thomas : « Je suis partout. Quand tu vas couper du bois, je suis dans le bois. Quand tu soulèves la pierre, je suis sous la pierre... »

Non pas : je suis le bois, je suis la pierre, mais chaque fois que tu es là, vraiment là, absorbé dans la rencontre du monde créé, alors je suis là ! Là où tu es, dans la présence aiguë, je suis aussi.

Être là ! Le secret. Il n'y a rien d'autre. Il n'est pas d'autre chemin pour sortir des léthargies nauséabondes, des demi-sommeils, des commentaires sans fin, que de naître enfin à ce qui est.

Présence
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25 février 2014 2 25 /02 /février /2014 15:03

Qui connait le nom de Chestov "dévastateur de la raison", grand lecteur de Kierkegaard comme de Nietzsche ou de Pascal? La réputation commune -qui naît de la bêtise de l'intelligence- aura forcément oublié la grandeur terrible de Léon Chestov. Il s'agit alors de le ressusciter au monde pour que ce dernier lui-même ne croulât point dans la nuit, la nuit de Gethsémani, cette nuit évoquée par Pascal, celle de Pierre endormi pendant que son maître était à l'agonie. Comment se tirer de cette ornière du sommeil qui nous fait tourner les yeux ailleurs, confiants dans nos vérités rassurantes mais impardonnables?

La raison est enchanteresse et engloutit le monde dans l'assoupissement, dans l'engourdissement des certitudes. Voici que Chestov nous exhorte de faire "du manque de clarté" une nuit terrible, une profession de foi pour affronter un élément nocturne qui l'emporte en pesanteur sur le sable de la mer. Il faut crever le moi lustral et haïssable que l'autorité de la raison rend aveugle et promène devant tout le monde. Pierre qui dort dans le jardin de Gethsémani, trop certain de lui-même, "laisse le Christ à l'agonie jusqu'à la fin du monde". Et cela ne concerne pas directement l'épisode biblique pour autant que, autour de nous, nous sentons bien que la douleur l'emportera en pesanteur sur la masse de tous les soleils.

Chestov, par ses lectures assidues, conduit à une véritable intranquillité, une insomnie qui ne nous laissera pas de répits. Nous ne devons pas nous endormir et fermer l'oeil. Nous philosophes, ne pouvons plus nous payer le luxe de l'évanouissement. Et ce commandement ne saurait être entendu par la mode qui sacre les grands. Elle sourd du coeur des petits, des misérables "certains rares élus et martyrs" dont la vigilance pourra un temps sauver le monde "car s'ils s'endorment à leur tour, comme s'endormit pendant la nuit mémorable le grand apôtre, le sacrifice de Dieu aura été vain, et la mort triomphera définitivement et pour toujours".

Le Dieu incroyable de Chestov, auquel on ne croit que par incroyance, est un Dieu qui lutte pour l'arbitraire, un coup de dés capable d'extraire dans la nuit de l'insomnie la lumière de ce qui est possible. Tout est possible même quand la raison aura démontré l'inverse. Le possible est avéré même pour l'impossible. Le hasard vaut mieux que la vérité, le miracle plus que la nécessité démontrée. Mais cette lueur n'est perçue que de nuit, pour celui qui refuse définitivement de s'endormir devant l'horreur de l'attendu et du prescriptible.

Comment la philosophie peut tirer le monde de l'engourdissement?, voilà sans doute la belle leçon de Léon ChestovLa nuit de Gethsémani -Essai sur la philosophie de Pascal publiée aux éditions de L'éclat. Alors, que pouvons-nous attendre encore, envers et contre l'air du temps, d'un philosophe né russe qui n'avait pas même la foi, mais qui revendiquait l'incertitude élevée au rang d'une méthode? Vivre affolés, vivre dans la terreur de la pensée qui s'ouvre à l'impensable qu'elle brandit contre les somnolences de la raison. Il ne nous sera désormais plus loisible de fermer l'oeil. Autant lire Chestov dans ce cas, tant l'urgence frappe à la porte.

Note :Selon Chestov, de ne point chercher «l'assurance et la fermeté» (Brunschvicg, 72) et de veiller, de veiller sans relâche, de se tenir debout, la prunelle implacablement ouverte sur l'obscurité, pour ne pas suivre l'exemple de Pierre durant «la nuit mémorable», et garantir ainsi que le «sacrifice de Dieu» n'aura pas été vain, et que «la mort [ne pourra donc triompher] définitivement et pour toujours» (dernières lignes, p. 127).

Léon Chestov, La nuit de Gethsémani - Essai sur la philosophie de Pascal
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7 février 2014 5 07 /02 /février /2014 08:11

Søren Kierkegaard, penseur chrétien fervent et tourmenté, « toute la chrétienté n'est autre chose que l'effort du genre humain pour retomber sur ses pattes, pour se débarrasser du christianisme ». Ce que souligne avec pertinence le philosophe danois, c'est que le message de Jésus est totalement subversif à l'égard de la morale, du pouvoir et de la religion, puisqu'il met l'amour et la non-puissance au-dessus de tout. à tel point que les chrétiens ont eu vite fait de le rendre plus conforme à l'esprit humain en le réinscrivant dans un cadre de pensée et des pratiques religieuses traditionnelles. La naissance de cette « religion chrétienne », et son incroyable dévoiement à partir du IVe siècle dans la confusion avec le pouvoir politique, est bien souvent aux antipodes du message dont elle s'inspire. L'église est nécessaire comme communauté de disciples qui a pour mission de transmettre la mémoire de Jésus et sa présence à travers le seul sacrement qu'il a institué (l'Eucharistie), de diffuser sa parole et surtout d'en témoigner. Mais comment reconnaître le message évangélique dans le droit canon, le décorum pompeux, un moralisme étroit, la hiérarchie ecclésiastique pyramidale, la multiplication des sacrements, la lutte sanglante contre les hérésies, l'emprise des clercs sur la société avec toutes les dérives que cela comporte ? La chrétienté, c'est la beauté sublime des cathédrales, mais c'est aussi tout cela. Prenant acte de la fin de notre civilisation chrétienne, un père du concile Vatican II s'est exclamé : « La chrétienté est morte, vive le christianisme ! » Paul Ricœur, qui me rapportait cette anecdote quelques années avant sa mort, a ajouté : « Moi, j'aurais plutôt envie de dire : la chrétienté est morte, vive l'évangile !, puisqu'il n'y a jamais eu de société authentiquement chrétienne. » Au fond, le déclin de la religion chrétienne ne constitue-t-il pas une chance pour le message du Christ d'être à nouveau audible ? « On ne met pas du vin nouveau dans des outres vieilles », disait Jésus. La crise profonde des églises chrétiennes est peut-être le prélude à une nouvelle renaissance de la foi vive des évangiles. Une foi qui, parce qu'elle renvoie à l'amour du prochain comme signe de l'amour de Dieu, n'est pas sans une proximité forte avec l'humanisme laïque des droits de l'homme constituant le socle de nos valeurs modernes. Et une foi qui sera aussi une force de résistance farouche aux pulsions matérialistes et mercantiles d'un monde de plus en plus déshumanisé. Un nouveau visage du christianisme peut donc émerger sur les ruines de notre « civilisation chrétienne », dont les croyants attachés à l'évangile plus qu'à la culture et à la tradition chrétienne n'auront aucune nostalgie.

Frédéric Lenoir
la chrétienté est morte, vive l'évangile
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1 février 2014 6 01 /02 /février /2014 17:22

Les lois naturelles et leur immuabilité, les vérités et leurs évidences ne sont peut-être qu’une suggestion, une suggestion pareille à celle que subit un coq, si l’on trace autour de lui un trait à la craie. Le coq ne pourra sorti de ce cercle, comme s’il s’agissait d’un mur et non d’une ligne. Si le coq savait raisonner et exprimer ses pensées en paroles, il aurait créé une théorie de la connaissance, disserterait sur les évidences et considérerait le trait de craie comme la limite de l’expérience possible. Il faut donc lutter contre les principes de la connaissance scientifique, non plus au moyen d’arguments, mais en employant d’autres armes. Les arguments pouvaient servir tant que nous admettions les prémisses dont ils découlaient, mais puisque nous n’y croyons plus, il faut chercher autre chose. (p. 41)

On pourrait dire de même que pas un parmi les savants influents (historiens, botanistes, géologues) ne se contente de citer des faits, mais que tous se réfèrent à l’autorité de la raison. Même Jésus, pour se faire entendre, se voyait obligé d’invoquer l’Écriture ; les premiers chrétiens et Luther étaient dans l’obligation d’agir de même. Si l’historien Harnack avait parlé ainsi, le fait qu’il signale aurait acquis une toute autre signification. Il serait alors apparu brusquement que les hommes n’ont jamais pu admettre la foi de Jésus, ni même celle de Luther, qu’il est impossible d’enseigner la foi, que la foi ne peut agir, c’est-à-dire déterminer les événements historiques, que ce que les hommes, la conscience commune appellent « foi puissante » ne ressemble aucunement à cette foi que possédaient Jésus et même Luther, mais se réduit à un ensemble de règles, de principes, auxquels tous obéissent et que tous vénèrent parce que personne ne sait d’où ils proviennent, et, qu’enfin, les hommes n’ont nullement besoin de cette foi, mais qu’ils aspirent à l’autorité et à l’ordre, lequel ordre apparaît d’autant plus immuable que son origine est incompréhensible. Ainsi les hommes croient à la raison, à la science, et considèrent que le châtiment ne menace que ceux qui méprisent la raison et la science.

Extrait des « Révélations de la mort » de Chestov

Foi, raison & science
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31 janvier 2014 5 31 /01 /janvier /2014 12:43

Commment retrouver énergie, santé, longévité à travers la restauration de l’axe hypothalamo‐hypophyso-surrénalien ?

Bruno Lacroix

Samedi 8 février 2014 – Limelette

Pratiquement chaque élément à l’intérieur de notre corps est régulé par les hormones. Ce sont les molécules biologiques les plus puissantes connues de la science. Les hormones exercent leur influence sur la composition de notre corps, l’énergie, le vieillissement et nos comportements. Beaucoup de nos hormones ont un effet favorable sur la composition de notre corps, d’autres ont un effet positif sur l’énergie, le vieillissement, la santé, les performances sexuelles/fonctions de reproduction. D’autres hormones ont des effets permissifs, d’inter-régulation comme l’insuline et le cortisol.

Cependant, les agents stressants chroniques et insidieux de notre époque tel que la vitesse, la compétition, l'environnement dénaturé (béton, bruit, éclairage artificiel, pollution) et l’excès de stimulation psychique (informations médiatiques et communications téléphoniques), la pression de nos relations de travail, mais aussi la malbouffe, les carences micro-nutritionnelles apporte une surcharge de stress qui amplifie nos émotions, altère la physiologie de nos organes, perturbe notre intégrité biologique, bouleverse notre homéostasie physiologique jusqu’ à diminuer notre espérance de vie. Le stress chronique est problématique car il submerge notre capacité de défense. Le but de cette conférence est de montrer scientifiquement qu’elle est le lien commun entre ces pathologies métaboliques mais aussi comment la gestion de l’axe du stress hypothalamus/hypophyse/surrénale est crucial pour éviter mais aussi pour guérir de ces maladies modernes. Il est impossible d’améliorer notre qualité et notre espérance de vie sans la gestion cette axe.

Conférencier: Bruno Lacroix: Physiologiste, expert en nutrition & micro-nutrition

Conference sur la charge allostatique du stress
Conference sur la charge allostatique du stress
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4 janvier 2014 6 04 /01 /janvier /2014 18:32

Dieu a voulu racheter les hommes, et ouvrir le salut à ceux qui le chercheraient. Mais les hommes s’en rendent si indignes, qu’il est juste qu’il refuse à quelques-uns à cause de leur endurcissement ce qu’il accorde aux autres par une miséricorde qui ne leur est pas due. S’il eût voulu surmonter l’obstination des plus endurcis, il l’eût pu, en se découvrant si manifestement à eux, qu’ils n’eussent pu douter de la vérité de son existence, et c’est ainsi qu’il paraîtra au dernier jour, avec un tel éclat de foudres, et un tel renversement de la nature, que les aveugles le verront.

Ce n’est pas en cette sorte qu’il a voulu paraître dans son avènement de douceur ; parce que tant d’hommes se rendant indignes de sa clémence, il a voulu les laisser dans la privation du bien qu’ils ne veulent pas. Il n’était donc pas juste qu’il parût d’une manière manifestement divine, et absolument capable de convaincre tous les hommes ; mais il n’était pas juste aussi qu’il vînt d’une manière si cachée qu’il ne pût être reconnu de ceux qui le chercheraient sincèrement. Il a voulu se rendre parfaitement connaissable à ceux-là : et ainsi voulant paraître à découvert à ceux qui le cherchent de tout leur cœur, et caché à ceux qui le fuient de tout leur cœur, il tempère sa connaissance, en sorte qu’il a donné des marques de soi visibles à ceux qui le cherchent, et obscures à ceux qui ne le cherchent pas.

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29 décembre 2013 7 29 /12 /décembre /2013 11:10

Darwin et la Bible — La Bible nous raconte la chute du premier homme, Adam.

Vous croyez que ce n’est qu’une invention de Juifs ignorants ? Vous croyez que

l’invention du savant anglais est plus proche de la vérité et que l’homme descend

du singe ? Eh bien, permettez-moi de vous dire que les Juifs étaient plus près de la

vérité, qu’ils étaient même très près de la vérité. Vous me demanderez peut-être

pourquoi je prends avec une telle assurance le parti des Juifs ?

Aurais-je assisté à la création du monde ? Aurais-je vu Eve manger la pomme et la

tendre à Adam ? Je n’y étais pas certainement, et je n’ai rien vu. Et je ne dispose

même pas de ces preuves morales qu’invoque Kant pour la défense de ses postulats.

En général, je n’ai pas de preuves du tout, mais je pense qu’en des cas semblables,

les preuves sont un lest inutile et même fort gênant. Essayez d’admettre, si vous

en êtes capables, qu’en certains cas on peut, on doit se passer de preuves et regar-

der un peu l’homme, écoutez l’homme. Ne distingue-t-on pas encore maintenant

ces feuilles de vigne sous lesquelles il cacha sa nudité lorsque soudain il ressentit

l’horreur de sa chute ? Et cette angoisse perpétuelle, cette soif inextinguible ! Il est

ridicule de dire que les hommes n’ont jamais pu trouver sur terre ce dont ils avaient

besoin. Ils cherchent douloureusement, et ne trouvent rien, même ceux qui sont

considérés comme des maîtres, des guides. Quel art ils doivent déployer pour se

donner l’aspect de ceux qui ont trouvé ! Et pour finir, ils ne parviennent tout au

plus, malgré tout leur génie, qu’à tromper et à aveugler les autres. Car personne ne

peut être une lumière pour soi-même. Ce n’est pas en vain qu’il a été dit du soleil,

qu’il éclaire et réjouit autrui, mais que pour lui-même il est obscur. Si l’homme

descendait du singe, il trouverait à la façon du singe ce dont il a besoin. On me dira

que de tels gens existent et qu’ils sont même fort nombreux. Certainement, mais il

suit de là seulement que Darwin et les Juifs avaient également raison. Une partie des

humains descend d’Adam, sent dans son sang la brûlure du péché de son ancêtre,

en souffre et aspire au Paradis perdu, tandis que les autres proviennent du singe

pur de tout péché ; leur conscience est tranquille, rien ne les torture et ils ne rêvent

pas à l’impossible. La science consentira-t-elle à ce compromis avec la Bible ?

Darwin et la Bible de Léon CHESTOV
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18 novembre 2013 1 18 /11 /novembre /2013 09:00
Hypochlorhydrie : mythe ou réalité ?
Conférencier: Bruno Lacroix
Jeudi 28 novembre 2013 – Anglet‐Biarritz
L’une des premières étapes primordiales de la digestion passe par la mastication mais aussi par les sucs gastriques provenant de l’estomac.
L’estomac est la portion du tube digestif en forme de poche, située entre l’œsophage et le duodénum.
Chez l’adulte, il mesure 20 cm de long et se trouve en rapport avec le foie, la rate, le pancréas, le diaphragme et les intestins. L’estomac permet d’assurer une partie de la digestion par des fonctions mécaniques (brassage), chimiques et hormonale, et par mélange des aliments au suc gastrique. Un bon pH de l’estomac varie entre 1,5 et 3.
Les parois de l’estomac sécrètent pas moins de trois litres d’acide par jour. Cela se fait grâce à la H+/K+‐ATPase, protéine transmembranaire localisée essentiellement sur la face luminale des cellules pariétales des microvillosités de l'estomac. Cette pompe est responsable de l'acidité de l'estomac.
L’acide gastrique permet de digérer les protéines, de stériliser l’estomac et tuer les bactéries et levures qui entrent par la bouche, de permettre à l’estomac de se vider correctement, mais aussi un environnement acide est nécessaire pour permettre l’absorption de nombreux micronutriments, comme le calcium, le magnésium, le zinc, le cuivre, le fer, le sélénium, le bore, etc.
Nous verrons lors de cette conférence l’aspect crucial de l’estomac dans la digestion, l’ensemble des troubles chroniques de l’estomac (dyspepsie) qui se définit comme un ensemble de symptômes chroniques et récurrents qui entraîne des douleurs ou des malaises épigastriques provenant du tube digestif haut : brûlures d’estomac, régurgitations acides, éructations ou rots excessifs, ballonnement abdominal accru, nausées, sensation de digestion lente et de satiété précoce.
Nous verrons le lien entre la pullulation bactérienne, l’H.Pylori avec l’hypomotilité intestinale et l’hypochlorhydrie mais aussi les notions importantes acide/base de la digestion.
Hypochlorhydrie : mythe ou réalité ?
Hypochlorhydrie : mythe ou réalité ?
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10 novembre 2013 7 10 /11 /novembre /2013 09:57

Post de mon ami Ivsan :

Le bonheur, c’est comme la beauté : le malheur veille sur l’un et l’autre. Il est embusqué sur leur chemin, attendant le moment favorable pour accomplir son étrange labeur. C’est une règle. C’est même une loi ici-bas qui établit que la malédiction est attachée aux pouvoirs. Or, le bonheur est un pouvoir, tout comme la beauté. Il y a fort longtemps d’ailleurs, Job avait déjà évoqué cette puissance de jugement dont est revêtu le bonheur : « Qu’on méprise le malheureux ! telle est la devise des heureux » disait-il (125). Du haut de sa montagne de souffrance Job voyait enfin l’homme heureux qu’il fût auparavant, celui qui craignait alors le malheur avec effroi, de même qu’une belle femme méprise poliment la laideur tant sa perspective l’épouvante. Il était en ce temps pareil à ses amis religieux, à ces consolateurs de pacotille que leurs propres réussites avaient dégradés. L’assurance de leur bonheur leur permettait de juger et même de maudire Job, le malheureux, le malchanceux, le fautif ! Non pas qu’ils le trouvaient coupable en vérité, mais parce qu’au fond ils avaient peur du malheur dont ils savaient intimement que leur vie devrait un jour en mordre le pain noir.

J’ai moi-même longtemps cru les amis de Job. J’ai avalé leur mielleux poison. Comment faire autrement ? Nos pères nous l’enseignent dès notre plus jeune âge. On nous tue dans l’œuf en nous maudissant par le bonheur ! On nous persuade que sa perspective est certaine pour peu qu’on se plie à ses principes, à ses jugements. Le père athée et le religieux chantent en chœur : « le bonheur, mon petit, c’est d’abord la propreté administrative en s’engageant dans un travail honorable et en obéissant à ses aînés ! » Au fil des ans l’un et l’autre m’ont brisé les oreilles de ce chant lancinant et subtil. Le diabolique aime l’ordre, il aime avoir les mains propres, et lorsqu’elles sont sales c’est qu’il a faibli. Tel fut par conséquent mon malheur, mais tel fut surtout mon bonheur, car nul ne peut entendre de ses premières oreilles. Il faut qu’on nous perce les tympans pour que nous puissions écouter ce qui vient d’Ailleurs. Il nous faut donc lutter contre cette Nature intelligente qui a primauté sur tout et tous, contre cette mère de la vie encensée par l’athée, mais qui n’est finalement qu’une folle psychopathe, une froide organisatrice, boulimique de paix, d’ordre… et de bonheur. De même, il faut aussis’attaquer à son premier créateur, c’est-à-dire aux dieux des vérités, au christianisme des amis de Job. Leurs promesses de bonheur ne valent pas mieux que la belle fleur promise par mère Nature : « sa tige d’herbe séchera, puis sa fleur tombera » disait déjà Isaïe dans son livre.

De la sorte, j’ai réussi à garder l’essentiel : en persévérant dans ce combat contre les dieux et leurs vérités. Combat durant lequel s’évanouissent petit à petit autour de soi tous les « consolateurs », ainsi que les nombreux « intéressés », les avides, ceux qui pensent retirer quelques pépites de bonheur d’une situation singulière dans laquelle ils vous encouragent tant qu’elle ne les implique pas eux. Dès lors qu’elle les implique à lutter eux-mêmes, ils vous mordent, parfois jusqu’au sang, selon qu’ils soient proches ou lointains. Aussi ai-je été vaincu pour vaincre. C’est-à-dire que j’ai préservé ce qui compte le plus au prix de tout le reste, au prix de ce qui passe, de ce qui sèche, de mon bonheur. Non par mes forces toutefois, non par moi-même ! Car je ne sais comment je persévère encore dans une telle lutte. Il se pourrait finalement que j’aime Celui que je cherche… et qu’il me le rende en me donnant encore la poigne de tenir la claymore quelque temps.

Qu’ai-je donc appris du Christ ? J’ai appris de lui que Dieu ne recherche pas le bonheur – qu’il s’en moque même éperdument. L’énigme du bonheur se résout dans le malheur. Et lorsque le bonheur montre ainsi son vrai visage, tu découvres qu’il n’était qu’un fantôme, qu’une illusion parce qu’il est maudit ici-bas, comme tous les pouvoirs, parce qu’il doit sécher et laisser place au malheur. Quiconque croit que le bonheur se tient devant Dieu admet tout simplement que Dieu n’est pas le bonheur, que le bonheur est une situation qu’une vérité toute-puissante manigance en triturant la réalité. C’est pourquoi il craindra cette toute-puissance et lui rendra un culte, espérant qu’en échange elle tripatouillera son réel pour lui bâtir sa petite bulle de bonheur. Il confesse donc que son dieu doit continuellement guerroyer contre une réalité obscure. Il est aveuglé. Il ne sait pas que Dieu le conduit précisément aux lieux de Job, là où il verra que cette réalité obscure, c’est lui ! Pour moi, j’ai regardé cette toute-puissance avec tremblement d’abord, puis avec une colère mêlée ensuite de déception, et enfin, je lui ai tourné le dos, tel l’esclave se libérant tourne le dos à un maître qu’il ne reconnaît plus. C’est d’ici que perça alors une voix au-delà de la toute-puissance, une voix ressuscitée, inaudible aux oreilles que nous donne le monde : « Mon fils, mon désir c’est que ce soit toi le bonheur, que tu entres dans ce royaume où l’homme ne cherchera plus alors ce qu’il sera en lui-même pour toujours. Le royaume des cieux, c’est ton frère, c’est toi, c’est chaque-Un pour sa part. »

Ivsan Otets

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9 novembre 2013 6 09 /11 /novembre /2013 15:58

Chrétien et anticlérical
À partir de 1843, les livres s’enchaînent à un rythme rapide : rien que cette année-là, on assiste, entre autres, à la publication de deux œuvres majeures : Ou bien… Ou bien (parfois traduit sous le titre L’Alternative) et Crainte et Tremblement. En 1844, ce sera Les Miettes philosophiques, puis Étapes sur le chemin de la vie (1845), le Post-scriptum aux Miettes philoso­phiques (1846) ou encore La Maladie à la mort (souvent traduit sous le titre Traité du désespoir), en 1849.
Kierkegaard était en son temps célèbre, en plus de ses livres, pour ses polémiques très violentes contre l’Église danoise, à travers des articles aussi drôles qu’impitoyables dans des revues qu’il dirigeait souvent lui-même : comme quoi, on peut être un chrétien sincère et un anticlérical assumé… À son enterrement, une foule immense, sentant qu’un grand esprit venait de s’éteindre, suivit le cortège funèbre, sorte de réponse posthume à une phrase de Kierkegaard à son ami Boesen quelques jours avant sa mort : « Salue tous les hommes, je les ai tous beaucoup aimés

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