Gustave Thibon est un homme de foi, chrétien philosophe, qui ne reconnait pas l'inspiration divine dans l'église, ou une dilution homéopathique, ou alors il faut croire à la vertu des infinitésimaux.
En tant que corps social, l'église est une belle illustration du "gros animal" de Platon. Thibon s'est immunisé contre cette image fade, ce refuge de consolation. L’église, un alliage trop humain, bourré de dogmes. Les dogmes n’ont pas pas épargné le christianisme, ou plutôt l'organisation terrestre du christianisme, opérée par des hommes soumis à diverses influences. La féroce et puissante théologie s'est ensuite notamment bâtie de concile en concile pour être aujourd'hui quasiment indéboulonnable ; la plupart des théologiens s'activent à huiler et fignoler ses nombreux verrous.
Jacques Ellul disait : » Le christianisme devient une bouteille vide que les cultures successives remplissent de n'importe quoi »
Thibon aime citer Nietzche comme un être capable de tirer au jour tout ce qui est dans le christianisme, en tant que phénomène psychologique et historique n'est pas chrétien. Ainsi, celui qui croyait détruire une foi fausse contribue à purifier une foi vraie.
Comment résumer cela, le texte de Gibran est explicite:
« Jésus n'est pas venu du coeur du cercle de Lumière pour détruire les demeures des hommes et construire sur leurs ruines des couvents et des monastères. Il n'a pas persuadé l'homme fort de devenir moine ou prêtre, mais Il est venu pour propager sur cette terre un esprit nouveau, avec le pouvoir de saper les fondations de toute monarchie bâtie sur les ossements et les crânes humains...
Il est venu détruire les palais majestueux, construits sur les tombes des faibles, et écraser les idoles érigées sur le corps des pauvres. Jésus ne nous a pas été envoyé pour apprendre au peuple à bâtir de somptueuses églises et des temples magnifiques au milieux des huttes froides et délabrées et des tristes masures... Il est venu pour faire un temple du coeur de l'homme, un autel de son âme et un prêtre de son esprit.
Telle était la mission de Jésus de Nazareth, et tels sont les enseignements pour lesquels on l'a crucifié. Et si l'Humanité était sage, elle se lèverait en ce jour pour chanter avec force la chant de la conquête et l'hymne du triomphe ».